dimanche 13 mars 2011

Strasbourg médiéval, ville africaine



Un de nos lecteurs (Bruno W., du Bas-Rhin) nous fait parvenir cet étonnant et émouvant témoignage d'une présence africaine dans l'Alsace du XIVème siècle, province du Saint Empire Romain Germanique, comme nous croyons utile de le rappeler. Qu'il en soit ici remercié.

Nous transcrivons ici le texte, écrit sur la façade d'une vieille maison alsacienne, siège d'une brasserie originairement appelée "Zum Mörlin", et aujourd'hui restaurant:

"La maison était depuis le XIVème siècle siège et lieu de la réunion de la Corporation de la Mauresse. La maison s'appelait originellement "Zum Mörlin". Mörlin: négresse ou mauresse pour la raison qu'une des servantes était éthiopienne. Depuis la Révolution, Café de la Mauresse. Le premier étage était au XVIIIème siècle salle de spectacle. De 1761 à 1775, école municipale d'où sortirent Jean-Baptiste Kléber ... (texte manquant ensuite)"

Abstraction faite du préjugé leucodermique qui relègue la "mauresse" en question à une origine étrangère (une kamite du Moyen-Âge européen est forcément une "Éthiopienne" venue de la lointaine Afrique) et à une condition sociale subalterne et dégradante (une kamite du Moyen-Âge européen est forcément une "servante" ou une "esclave" - quid alors des rois africains et chevaliers kamits mis en évidence par nos recherches?), nous trouvons là des indications tout à fait précieuses sur une présence africaine dans l'Allemagne médiévale, conservée ici dans le toponyme et la tradition. Si, au XVIIIème siècle encore, on parle d'un "Café de la Mauresse", nous pouvons juger de l'importance, tant démographique, que symbolique de cette présence.

Nos recherches sont en cours pour déterminer ce que pouvait être cette "Corporation de la Mauresse". Une association "communautaire" de kémites allemands, en une époque où les leucodermes semblaient devenus suffisamment nombreux pour que l'on pût craindre à une disparition de la population négro-allemande? Une confrérie de chevaliers africains? Une société secrète, qui, survivant à la morsure des siècles, aurait pu, rêvons un peu, compter parmi ses membres Jean-Baptiste Kléber, celui-là même qui guida les troupes napoléoniennes en Égypte, et qui fit son cours élémentaire dans cette maison? Les hypothèses sont ouvertes, et ici propices à la rêverie.

Merci encore, Bruno.

Ankh, Oudja, Seneb.

Joseph M'BONGO